S'inspirer de tout sauf de n'importe quoi !

14 décembre 2016

Bonjour,

Dans ma série "fini les jeunes loupiots de s'inspirer de n'importe quoi sur internet pour tenter en vain de faire sérieux et en fait se discréditer", je reprends ici la suite du topic sur le "plus beau rendu cinéma", placé dans la rubrique bla bla bla, histoire d'en papoter (là, avec succès) : http://forum.magazinevideo.com/topic/28572-le-plus-beau-rendu-cinéma-pour-tous/#comment-126503.

Je précise qu'on passe donc ici du scénario, direct à la réalisation vidéo toutes gammes de matériels et tous projets confondus.

Je voudrais tant que tout débutant (d'âge ou de coeur) apprenne à regarder et à retenir des meilleures références même et surtout les plus prestigieuses ... pas par goût perso mais parce qu'elles ont vraiment suscité l'unanimité des professionnels et du public ...

Je ne vais pas le cacher ni y aller par 4 chemins, c'est suite à l'excellente soirée sur Luchino Visconti de dimanche soir sur arte qui diffusait Le Guépard suivi d'un documentaire carrément exceptionnel ! (La soirée suivante de lundi a respecté le même honneur).

Ainsi que je l'encourage à chaque fois, le 1er réflexe est de démystifier.

Nous n'avons pas la consanguinité d'une noblesse remontant à la Renaissance italienne et nous n'avons pas l'histoire personnelle de ce Maître incontesté (... et incontestable !).

Pour ceux plus attirés par la fiction, déjà ne retenir qu'il indique lui-même avoir appris le métier avec Jean Renoir notamment sur la direction d'acteurs, qui lui-même comme vu sur une autre discussion du forum, avoue l'avoir appris de Michel Simon (qui l'a appris de la tradition) ...

Pour nous tous, ne se résoudre qu'à admettre que la prise de vue (et de son) ne répond qu'à nos propres critères.

Dans le topic bla bla bla susvisé sur le plus beau rendu cinéma, j'ai proposé une manière de bouger soi et sa caméra afin d'anticiper au mieux son montage. J'ai également évoqué l'attention à prêter aux formes et lignes en présence (réelles ou suggérées).

S'est ajouté depuis un article du site magazinevidéo (sans délation mais par vraie reconnaissance, de Thierry P.) sur les formats d'images (ou ratios, selon son approche) existants : http://www.magazinevideo.com/test-en-ligne/les-formats-en-cinema-et-video-depuis-un-siecle/35372.htm, aussitôt objet d'une discussion sur le forum, initiée par le même responsable :

http://forum.magazinevideo.com/topic/31994-article-inédit-sur-les-formats-de-cinéma/#comment-151756

Je vous invite tous, amateurs sincères et débutants éternels, à donc REGARDER ou APPRENDRE A REGARDER cette séquence (de 2'06") en surveillant les cadres, les mouvements, les formes et les ratios (dans le ratio ici 2:55,1 d'après les infos du blu-ray) et mêmes les différences de lumière (donc tout ce qui mérite l'attention à chaque vraie référence quels que soient ses propres goûts persos à condition de ne pas vouloir s'inspirer de n'importe quoi) :

https://youtu.be/kSlughJCPLc

On remarque en profitant aussi pour se demander pourquoi :

- une grammaire des optiques avec des plans plus ou moins rapprochés mais sans gros plans avec l'objectif collé sur le sujet pour s'amuser à improviser un bokeh en ne laissant plus aucune zone de netteté ou si peu par prétexte fallacieux de tenter un rack-focus ...

- plusieurs ratios "incrustés" dans le ratio principal par exemple un 4/3 à 0'52" entre 2 rideaux rouges mais même avant et après et même d'autres ratios "incrustés" dans les ratios "incrustés" jusqu'à s'aider des angles de murs et des séparations de portes et donc des rideaux ! ...

- des différences de lumière selon chaque ratios "incrustés".

- le respect de la règle des 2/3 (pour miser sur sa grille à 9 cases si on en a une) et de celle des 3 niveaux de plans (avant-plan, plan médian et arrière plan).

- la présence de lignes et de formes manifestes ou suggérées (par la position des sujets et les perspectives)

- les diagonales (survolées dans le topic susvisé) pour dynamiser son contenu (exemple à 2'00 encore avec des rideaux pour dynamiser le cadre, un mouvement et un départ en conclusion ouverte de son dit contenu).

Mais on remarque également (et là, pour tous et pas uniquement pour les férus de fiction, qu'on s'appuie également sur un effet miroir dans la même veine qu'en dramaturgie mais ici dans l'image même) :

- par la grammaire des regards (ici des acteurs mais il est aussi possible de l'anticiper avec des proches et autres personnes qu'on filme).

- par la présence de vrais miroirs, tous différents en taille, en forme et dans leur position dans le décor et la perspective.

- par la projection de toute personne dans les éléments du décor ... Exemple de 1'25 à 1'37 en regardant bien le petit tableau rectangulaire (donc de dimension terrienne et humaine au dessus du petit miroir ovale plus circulaire (donc de dimension plus cosmique et donc universelle).

DONC :

Il ne s'agit pas que de s'appeler Luchino Visconti ou Giuseppe Rotunno (le chef-op) et d'être forcément féru de fiction pour tenter une image composée et dimensionnée en s'inspirant d'une référence solide et ici unanimement admise, en vue de s'en souvenir au mieux ses jours de tournage importants.

Il suffit de regarder et de toujours apprendre à regarder en ne s'inspirant que de ce que par un instinct même encore flou en soi, on peut ressentir de nettement meilleur.

Modifié 14 décembre 2016 par Invité